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Poissons & rivières de Corse

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Les milieux aquatiques en Corse

Les informations qui suivent sont, en partie, extraites du livre “Les eaux douces de Corse” par Antoine Orsini, hydrobiologiste à l'université de Corse, édition 8StudioScamaroni, Ajaccio, 2022.


L’eau douce est omniprésente sur cette montagne immergée. La corse possède une diversité de milieux aquatiques (cours d'eau, lacs naturels de montagne et artificiels, pozzines, lagunes, etc.). Ces écosystèmes sont riches d'une faune et d'une flore spécifique avec un important taux d'endémisme. Cette biodiversité est fragile et vulnérable face au changement climatique.

Les cours d'eau de Corse

La Corse compte 3000 kilomètres linéaires de cours d’eau.

Régime hydrologique

Les cours d’eau de Corse ont un régime hydrologique de type pluvio-nival-méditerranéen. Ce régime est influencé par la pluie, la neige et présente un étiage estival sévère, caractéristique des cours d’eau méditerranéens.

Le régime pluvio-nival-méditerranéen présente deux périodes de basses eaux (étiages) et deux périodes de hautes eaux. L’étiage hivernal, peu marqué, correspond au stockage de l’eau sous forme neigeuse ; l’étiage estival, plus sévère, coïncide avec le minimum pluviométrique.
Les périodes de hautes eaux correspondent au printemps à la fonte des neiges et en automne aux fortes précipitations. Ce régime hydrologique est marqué par des variations considérables et très brusques du débit, entraînant ainsi des crues soudaines et violentes.

Crues et étiages

Le régime hydrologique (évolution des débits au cours d’un cycle annuel) des cours d’eau méditerranéens est marqué par des évènements extrêmes : les crues et les étiages. Ces paramètres naturels du fonctionnement des milieux aquatiques peuvent avoir des effets destructeurs, mais le retour à une situation normale se fait plus ou moins rapidement. Les variations considérables et très brusques du débit, entraînant des crues soudaines et violentes, sont à mettre en relation avec la pente élevée des cours d’eau qui se traduit, notamment lors des pluies automnales, par un temps de réponse très court. Les précipitations automnales importantes et dans une moindre mesure la fonte de la neige au printemps, entraînent une augmentation du débit et corrélativement de la vitesse du courant.

Les crues ont un effet positif sur l’écosystème aquatique car l’effet de chasse élimine les matières accumulées dans le cours d’eau, qu’elles soient naturelles ou anthropiques. Mais la flore et la faune aquatiques sont impactées car les crues exceptionnelles emportent les organismes aquatiques mais surtout, détruisent les habitats. Les poissons et les invertébrés ont développé des adaptations afin d’une part de résister au fort hydrodynamisme pendant la crue et d’autre part de recoloniser le milieu après la crue.

La baisse du débit en période estival entraîne des modifications majeures dans le fonctionnement des cours d’eau. Un étiage sévère et prolongé peut aboutir à un assec complet. Cet assèchement, qui peut être périodique dans le cas de cours d’eau temporaires, résulte de l’évaporation et/ou de l’infiltration de l’eau. Pendant l’étiage, les conditions du milieu aquatique deviennent défavorables et entraînent une sélection des espèces. En été, les débits faibles entrainent un réchauffement de l’eau qui accentue la baisse du taux d’oxygène dissous dans l’eau. La période d’étiage est propice à l’accumulation, dans le lit du cours d’eau, de matière organique. Sa dégradation se traduira par une consommation de l’oxygène de l’eau. La température élevée de l’eau et l’accumulation de matière organique peuvent créer des conditions d’anoxie. Pendant cette phase critique, la faune est plus vulnérable aux pathogènes (virus, bactéries), aux parasites et aux pollutions. Pendant l’étiage, la réduction de l’habitat des espèces et la diminution de l’épaisseur de la lame d’eau, limitent la libre circulation des individus.


Les lacs

Dans la montagne corse on rencontre une quarantaine d’étendues d’eau permanentes, mais seuls 15 lacs ont une profondeur maximale supérieure à 3 mètres et une superficie supérieure à 0.5 hectare. Ces lacs de montagne sont d’origine glaciaire. Il y a environ 14 000 ans, ils se sont formés soit par surcreusement (Melu, Capitellu), soit par l’accumulation de moraines (Bastani). Le bilan hydrique classe ces lacs dans le type fluvial c'est-à-dire que les apports et les sorties s’effectuent essentiellement par des tributaires et des émissaires de surface. Ces lacs passent l’hiver sous la glace entraînant un ralentissement de l’activité biologique.

La Corse compte 48 barrages, 12 sont dits de classe A, dont la hauteur dépasse 50 m. Les barrages de Tolla, Calacuccia, Corscia, Sampolo, Trevadine et Rizzanèse sont gérés par EDF (Electricité De France), à des fins de production d’hydroélectricité essentiellement.
Les barrages de Teppe Rosse, Alzitone, Bacciana, Guazza, Peri, Alesani, Padula, Codule, Figari, Ortolo et Ospedale sont gérés par l’OEHC (Office d’Equipement Hydraulique de la Corse) à des fins d’irrigation et d’alimentation en eau potable. Teppe Rosse, Alzitone, Bacciana, Guazza, Peri et Padula sont des retenues collinaires c’est-à-dire des réserves artificielles, souvent localisées en dehors du réseau hydrograpique, fermées par une digue et alimentées soit en période de pluies par ruissellement des eaux soit par un cours d’eau permanent ou temporaire.

Les pozzines

Les pozzines sont composées de pelouses hygrophiles et méso-hygrophiles installées sur des substrats issus du comblement plus ou moins complet de lacs d’origine glaciaire. Elles sont situées dans l’étage subalpin ou exceptionnellement montagnard, dans la haute vallée des principaux cours d’eau. Installées sur un sous-sol imperméable (boue glaciaire) à feutre tourbeux imbibé d’eau, elles sont essentiellement formées par les organes souterrains de Graminées, Cypéracées et Joncacées naines à sphaignes.
Les pozzines sont largement peuplées d’espèces eurosibériennes (65 % environ), accompagnées d’un nombre non négligeable d’espèces endémiques (35 %). Ces sols tourbeux constituent un milieu difficile pour de nombreux végétaux car ils sont asphyxiques, faiblement minéralisés, et très pauvres en particulier en azote assimilable. C’est pourquoi ils portent une flore peu riche et nettement spécialisée. 

Le changement climatique en Corse

Le changement climatique va avoir des conséquences sur le débit des cours d'eau. Des études ont permis de mettre en évidence ce phénomène sur le Tavignanu : 
L’évolution du débit moyen annuel du Tavignanu montre une réduction importante des écoulements depuis la fin des années 80. Le débit moyen passe de 14.90 m3/s (+/- 6.62) entre 1973 et 1987 à 9.17 m3/s (+/- 2.48) entre 1997 et 2020. L’élévation de la température de l’air et l’augmentation de l’évaporation, en relation avec le changement climatique, entrainent une baisse de l’eau disponible dans les cours d’eau malgré un régime des précipitations plus ou moins stable.
Le manteau neigeux que l’on retrouve à partir de 300m d’altitude forme une réserve pour les cours d’eau l’été et permet d’atténuer l'amplitude de l’étiage. Il peut atteindre 6m d’épaisseur au-dessus de 1500m. Toutefois, la couverture neigeuse tend à diminuer en surface et épaisseur ce qui allonge considérablement les périodes d’étiages des cours d’eau.  En effet, sur le Tavignanu, la durée de l’étiage estival, qui est passée de 1 mois (1973-1984) à 3 mois (1985-2020), est actuellement comprise entre 4 et 5 mois.


Les mares temporaires

Les mares temporaires occupent des dépressions de profondeur et de taille variables. Ces milieux aquatiques constituent un écosystème complexe lié à sa caractéristique principale : l'aternance, au cours de l'année, d'une phase inondée et d'une phase sèche.  L’inondation se produit, généralement de la fin de l’automne à la fin du printemps, par de l’eau douce oligotrophe* ou mésotrophe*, c’est-à-dire pauvre en éléments minéraux. L’assèchement commence à la fin du printemps et est à son maximum à la fin de l’été ou au début de l’automne. Les espèces présentes sont adaptés à cette périodicité. En Corse, ce sont plus de 100 mares temporaires qui ont été recensées par l'OEC.



Les eaux souterraines

Les eaux souterraines et les rivières s'alimentent et ne forment qu'une seule et même ressource.

Ainsi, tout comme les cours d'eau, il est capital de savoir comment les préserver dans un contexte de changement climatique. Il est important de connaître les menaces qui pèsent sur ces eaux invisibles, et les actions pour protéger ces ressources.
Pour comprendre le rôle stratégique des eaux souterraines pour l'eau potable et la biodiversité, retrouvez une courte vidéo explicative de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse ici.